1. Contexte
A l'indépendance du Congo en 1960, Kinshasa passait pour l'une des plus belles villes d'Afrique; ce qui lui valait le surnom de “Kin la Belle". C’est après les incuries politico-administratives de la décennie 1990 que la ville va devenir "Kin la poubelle" tant elle commençait à perdre le contrôle de la gestion de ses ordures. Et depuis, la situation allait du mal en pire jusqu’à ce que l’Union européenne (UE) décide d’intervenir tellement que le spectacle des décharges prenait des proportions inédites. En l’absence d’une structure fonctionnelle en effet, elle s’est engagée en 2007 dans un projet pilote d’assainissement de collecte des déchets de la ville dans 9 communes (Barumbu, Kinshasa, Lingwala, Kintambo, Kalamu, Ngaliema, Ngiri-Ngiri, Kasa-Vubu et Gombe). Un centre d’enfouissement technique de 30 hectares lui a été octroyé à cet effet à Mpasa, dans la périphérie Est de Kinshasa pour le traitement de ces débris selon les normes environnementales. Et c’est en 2015, s’est désengagée du projet pour passer le relais à l’Hôtel de ville.
A travers le Programme d’Assainissement Urbain de Kinshasa - PAUK, devenu par la suite Programme d’Assainissement, de Réhabilitation et d’Aménagement Urbain de Kinshasa-PARAU, l'UE qui y injectait chaque mois un million d'euros, arrivait à traiter 11 000 m3 de déchets par semaine. Ce qui avait sensiblement contribué à l'amélioration des conditions des habitants des 9 communes concernées. Grâce à cet appui, les zones inondables avaient diminué d’environ 40 % et les maladies d’origine hydriques baissées de 50 à 70% révélaient l’UE en 2015.
2. Bilan après le transfert de responsabilité
Au vu de tout ce qui s’est passé depuis 2015, il y a lieu de conclure que ce transfert de responsabilité n’a pas produit des résultats escomptés car la ville continue à afficher depuis une piètre performance dans la gestion de ses déchets, offrant ainsi un spectacle de désolation. La ville est pleine d’immondices et sent mauvais. Devenue un dépotoir à ciel ouvert au point d’être classée parmi des agglomérations les plus polluées et sales du monde, la ville de Kinshasa éprouve énormément des difficultés à traiter près de 7 mille tonnes des déchets produits quotidiennement par des ménages, des marchés, des places publiques et des entreprises. Avec de la mitraille, des bouteilles et sacs en plastiques et des immondices qui jonchent les rues, Kinshasa croule sous les ordures et les populations istent impuissantes au fléau. Ajouté à cela, la présence d’eaux usées stagnantes et de nature à favoriser la prolifération de nombreux vecteurs de maladies, sans oublier le caractère morbide des eaux des pluies sur des immondices dont des fuites ruisselantes sont susceptibles de polluer l’écosystème de la ville et provoquer diverses autres maladies. Aucun quartier n’y échappe. En cause, l’absence d’une politique environnementale rigoureuse qui devrait pourtant servir de thérapie dans la gestion des immondices. Tant et aussi longtemps qu’aucune solution efficace n’est envisagée, les habitants de la ville continueront à faire face à un vrai problème de santé publique découlant de l’insalubrité. N’est-ce pas bien gérer les immondices, c'est soigner en amont comme le soutenait le Dr Odette Zola!
3. Proposition de solution - Partenariat privé public (PPP)
Après ce bilan glorieux, couplé avec la croissance démographique et l'urbanisation explosive observées depuis les dernières années, il y a lieu de craindre l’aggravation de la situation déjà précaire si des mesures conséquentes ne sont prises. Toutefois, la volonté exprimée par la nouvelle administration de Kinshasa de vouloir attaquer par les cornes ce problème est très encourageante. C’est dans cette optique, en partenariat avec la ville d’Ottawa au Canada, que nous voulons proposer nos services au gouvernorat de Kinshasa afin de transformer ces difficultés en opportunités; ce qui servira non seulement à prévenir des maladies mais aussi à introduire un modèle économique porteur pour bien gérer ce secteur toujours dysfonctionnel. Pour y parvenir, nous allons simultanément orienter nos actions vers trois axes : sensibilisation à l’éco-responsabilité de la population, conscientisation citoyenne aux travaux communautaires et opération de ramassage des ordures.
1.1. De la sensibilisation à l’éco-responsabilité de la population
Bien que ce soit de la responsabilité et du devoir du gouvernement de garantir un environnement sain, la responsabilité première incombe à chaque citoyen de contribuer activement de façon individuelle à l’assainissement de son milieu immédiat afin d’éviter les conséquences de l’insalubrité sur sa santé. Pour être efficace donc, une bonne gestion des ordures devrait commencer au niveau de la cellule familiale avant de s’étendre ailleurs : éviter de jeter ses propres ordures autour de soi. D’où la nécessité de sensibiliser la population sur l’importance d’être en harmonie avec l’environnement car il a été clairement démontré que quand on ne s’occupe pas bien de l’environnement, c’est ce dernier qui finira par s’occuper de vous et même prendre le dessus sur vous. Pour cela, nous nous engageons à mener une campagne de sensibilisation pour former la population à devenir plus écoresponsable par l’assainissement de son milieu direct de vie contrairement à l’image 2 qui est la conséquence de la négligence des habitants du quartier qui contribuent à la dégradation de leur propre environnement. Nous allons à cet effet mettre à contribution différentes plateformes de communications en vue d’atteindre et rallier le plus des gens possibles à la cause.
1.2. De la conscientisation citoyenne aux travaux communautaires
Dans un pays où il pleut pendant plus de 9 mois, une infrastructure (souterraine ou de surface) de canalisation d’évacuation d’eaux de pluie vers une destination appropriée doit constamment être bien entretenue. C’est justement un de grands problèmes de l’insalubrité qui ternit l’image de Kinshasa : l’inexistence des caniveaux dans certains quartiers ou manque d’entretien là-où ils existent. De sorte qu’après la pluie, les espaces d’habitations dans certains quartiers se retrouvent inondées et certaines rues carrément transformées en rivières qui drainent toute sorte des débris. Pire, des personnes hautement inconscientes en profitent pour vider leurs fosses septiques sans tenir compte des conséquences qui en découleront sur leurs propres vies ou celles des autres. Tout cela n’est pas de nature à protéger l’environnement. Plutôt que de laisser entièrement à la ville la responsabilité de déboucher et/ ou de creuser des égouts, nous aimerions nous associer à l’autorité urbaine pour quelques solutions. A cet effet, nous nous engageons à injecter une partie des recettes de nos activités dans une campagne de conscientisation de la population aux travaux communautaires en s’inspirant de l’esprit « salongo » qui avait fait ses preuves durant la décennie 70 et l’adapter aux réalités de chaque quartier.
1.3. De l’opération de ramassage des ordures
Comme décrit dans les lignes ci-dessus, toutes les initiatives entreprises par la ville de Kinshasa en vue de gérer ses déchets n’ont pas fonctionné. Ainsi donc, dans un PPP avec la ville de Kinshasa, nous aimerions transformer dans la mesure du possible cet état de chose avec des propositions concrètes en s’inspirant de l’expérience de la ville d’Ottawa au Canada, citée parmi les agglomérations éco-responsables de la planète. Si nous n’avons pas la prétention de couvrir toute la ville de Kinshasa en une fois, il est cependant vrai que notre projet devrait apporter une solution tant peu soit-il au problème chronique de l’insalubrité dans des communes pilotes que nous aurons à choisir en collaboration avec la ville de Kinshasa en collectant des déchets vers des centres de traitement et d’enfouissement, une occasion de donner de l’emploi à la population à court terme. Les déchets déjà en recyclage seront directement livrés si possible aux centres de tri et de traitement des déchets.
Nous envisageons aussi de créer des emplois dans le moyen et le long terme à travers des projets connexes dont la fabrique des papiers hygiéniques à partir des cartons sortis du tri, des composts à partir des ordures ou encore l’usine de production des sacs à ordures biodégradables que la population, les entreprises et les places publiques utiliseront désormais. Ce qui contribuera à rendre plus propres et plus sains les sites pilotes de manière durable.






